Place de la Fontaine

La commune de Peseux, à Neuchâtel désirait réaménager sa place mais souhaitait préserver les capacités de stationnement et la circulation.
Le projet visait à redonner une certaine lisibilité à cet espace aujourd’hui éclaté, dominé par un urbanisme « routier » et minéral. Nous avons analysé le territoire et son histoire, recherché ses lignes de forces pour y enraciner le projet et lui amener du sens. Les différents tissus qui composent la place ont été unifiés par un traitement de sol de façade à façade, afin de retrouver une image claire et immédiatement perceptible de l’espace. Le réaménagement de cette place par le travail architectural devait permettre sa réappropriation par la population.

• Végétalisation de la place
• Mise en valeur de la fontaine
• Pavage et mobilier urbain pour redonner de l’espace aux piétons
• Illuminer la place
• Limiter et apaiser la circulation

Le projet s’inspire du toponyme « Peseux » : puits multiples creusés çà et là dans le village. Cette évocation est matérialisée par des cercles concentriques placés de part et d’autre de la place, complétée par la présence d’un ancien puits monumental conservé au niveau du sol. Ils symbolisent le foisonnement des puits de Peseux et créent des points de rencontre ombragés par des arbres. Ces cercles guident également le cheminement des voitures.
Ils sont construits en matériaux régionaux dénommés suivant les lieux galets, boulets, cailloux, calades ou encore têtes-de-chat. Une résille de mousses croît entre les galets et verdit intensément la place. Cette « flore de caillou » permet l’infiltration des eaux de surface. Une allée de poiriers est plantée.
La place de la Fontaine est libérée du stationnement, qui est déplacé en épi à 50 m. Les aménagements contribuent à apaiser la vitesse à 20 km/h et limiter la circulation pour favoriser le report modal. Ils améliorent la qualité de vie, encouragent la sociabilité et l’économie locale en entraînant une diminution du bruit et des pollutions, une amélioration de la santé publique, de l’attractivité et du sentiment de sécurité.

Le projet recrée une véritable place de rencontre. Il enrichit le patrimoine, favorise l’économie locale et modifie positivement l’image poussiéreuse de Peseux « la cité-dortoir ».

Du contemporain à l'ancien
La puissance des jets d’eau de la vieille fontaine est soumise à des variations rythmiques aléatoires, l’écoulement se faisant tantôt dans le bassin, tantôt à l’extérieur. Le débordement de ses jets engendre surprise et poésie. Les enfants jouent de ses inondations. L’eau s’infiltre entre les galets non scellés, une végétation spontanée apparaît au bout de quelque temps. Les cascatelles intempestives d’eau éclaboussent le sol et participent à mettre les sens en alerte, amenant une dimension sonore au projet.

Installation lumière
L’éclairage participe à la construction de l’espace. Il confère un sentiment de sécurité. Les mâts, de hauteur restreinte, génèrent une ambiance plus intime.

La nuit, une lumière rosée baigne la place et procure un sentiment paisible. Nous avons déjà testé cette teinte sur la Place Saint-François à Genève, où les lumières tamisées une fois mises en place ont radicalement modifié l’ambiance (cf. Les yeux de la ville, Genève 2003).
Au sol, les quelques galets luminescents inscrits dans les cercles font scintiller la place. L’ancien puit redécouvert, diffuse des tonalités bleutées tout comme la fontaine. Les divers tableaux lumineux magnifient la place de nuit.

Pour des raisons politiques, le projet s’est arrêté après deux ans de concertations et d’études, alors que son coût était modéré et que Peseux, aujourd’hui encore, est dépourvu d’une véritable place de village (cf., article de l’Express « Pugilat verbal autour d’une idée » 12.12.2013).